La douleur pelvienne chronique de l’endométriose

La prévalence de la douleur chronique est plus élevée chez les femmes ( avec une prédominance pour les douleurs d’origine musculosquelettiques) et leur seuil de tolérance à la douleur est inférieur à celui des hommes. Une différence qui pourrait s’expliquer par les hormones sexuelles. Des études montrent que la testostérone tend à diminuer la perception de la douleur contrairement à l’œstrogène et à la progestérone qui l’augmentent. De plus l’utérus est l’un des organes constitué d’un grand nombre de fibres nerveuses sensitives.

Parmi les pathologies responsables de douleurs gynécologiques, l’endométriose est la plus fréquente puisqu’elle concerne une femme sur dix entre 15 et 49 ans. Elle est liée à la présence d’implants de tissu semblable à la muqueuse utérine en dehors de l’utérus, différents organes peuvent être touchés par ces implants. Ces derniers vont se greffer sur des sites à l’extérieur de l’utérus et vivre de manière autonome, saigner à chaque cycle, entrainer des adhérences qui sont aussi responsables de douleurs.

L’endométriose est présente chez 40 % des femmes souffrant de douleurs pelviennes chroniques. La douleur chronique de l’endométriose est mixte. La douleur mixte comporte une composante nociceptive et neuropathique, elle atteint un plus grand nombre de patients et est responsable d’états très handicapant  avec une dégradation plus importante de la qualité de vie.

L’endomètre est un tissu régulé par les hormones stéroïdiennes et des régulateurs immunitaires. Le système inflammatoire est fortement perturbé chez ces femmes et cette perturbation serait probablement à l’origine de la non-détection et non-destruction des fragments de tissus endométriaux se trouvant à l’extérieur de l’utérus. C’est une pathologie complexe dont la localisation, l’intensité de la douleur, la dynamique et la chronologie sont propres à chaque patiente. Il est distingué une endométriose pelvienne et une extra-pelvienne.

Le diagnostic de la pathologie se fait  entre 6 à 10 ans après les premiers symptômes.

Les signes cliniques de l’endométriose sont liés à la localisation des implants et seront accentués ou présents uniquement lors des règles. Ceux fréquemment évoqués sont : les dyspareunies ; les signes digestifs ( alternance de diarrhées et constipations, nausées et vomissements, douleurs au ventre) ; signes urinaires (douleur à la miction due à l’irritation du nerf de la vessie, hématuries) ; les lombalgies ; des douleurs sciatiques ; des douleurs projetées à la cuisse ; la fatigue chronique.

Le traitement de la pathologie repose sur la prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens ; des contraceptifs hormonaux et des agonistes de la GnRH mimant la ménopause. Il peut aussi être chirurgical, une chirurgie conservatrice ou radicale.

Une association entre le cancer de l’ovaire et l’endométriose a été démontrée, bien que le risque de développer un cancer de l’ovaire dans la population générale soit faible, 20 à 30% des patientes atteintes de carcinomes endométrioïdes ont des antécédents d’endométriose. Il est également conseillé d’émettre une surveillance plus accrue chez ces patientes, pour le cancer du sein et le mélanome cutané.

L’endométriose est une cause d’infertilité. Un bilan d’infertilité conduit au diagnostic d’endométriose chez 25 à 50% des patientes.

A la ménopause, c’est une pathologie qui survient chez 3 à 5% des femmes. Ces endométrioses postménopause ont un délai d’apparition qui varie entre 2 à 10 ans après le début de l’aménorrhée.

Les femmes souffrant d’endométriose ont un terrain psychologique associé à un syndrome dépressif plus fréquent avec une anxiété et une introversion plus marquées. Le risque de troubles anxiodépressifs est multiplié par deux comparé à la population générale. Il est notifié dans diverses études une surconsommation d’alcool en cas de syndrome dépressif chez les femmes endométriosiques.

Une étude rétrospective avec cas témoins, a recensé 22 comorbidités fréquemment associées à l’endométriose après son diagnostic, auprès d’un échantillon de 180278 patientes de 2006 à 2015. Les comorbidités les plus retrouvés sont :

  • la fatigue
  • l’infertilité
  • les kystes de l’ovaire
  • la dépression/anxiété
  • les céphalées
  • les kystes de l’ovaire
  • la fibromyalgie ;
  • les troubles digestifs
  • les fibromes utérins
  • les maladies auto-immunes (lupus érythémateux disséminé, polyarthrite rhumatoïde, Sjogren, Sclérose en plaque)
  • les complications de grossesse.

Ces comorbidités sont responsables de dépenses de santé considérables et d’altération de la qualité de vie, d’où la nécessité d’un diagnostic précoce.

En décembre 2017, dans ses recommandations de bonnes pratiques pour la prise en charge de l’endométriose, la HAS préconise le yoga comme une thérapie complémentaire.

Références :

  1. HAS
  2. INSERM
  3. EndoFrance
  4. Chapron C, Candau Y. Idées reçues sur l’endométriose. Paris : Marie-Laurence Dubray ;       2017.
  5. Whitaker LHR, Reid J, Choa A, McFee S, Seretny M, Wilson J, et al. An Exploratory Study into Objective and Reported Characteristics of Neuropathic Pain in Women with Chronic Pelvic Pain. PLoS ONE. 2016;11(4):e0151950.
  6. Roman H, Bourdel N, Rigaud J, Delavierre D, Labat J-J, Sibert L. Endométriose et douleurs pelvipérinéales chroniques. Progrès en Urologie. 1 nov 2010
  7. Epstein AJ, Soliman AM, Davis M, Johnson SJ, Snabes MC, Surrey ES. Changes in Healthcare Spending After Diagnosis of Comorbidities Among Endometriosis Patients: A Difference-in-Differences Analysis. Adv Ther. nov 2017;34(11):2491‑502.
2018-05-24T14:41:32+02:00