Selon la définition de l’International Association for the Study of Pain (IASP), admise par l’OMS en 1986 la douleur est : « une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable liée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle, ou décrite en ces termes. »
Les mécanismes physiopathologiques de la douleur la classifie en 4 types :
- nociceptive liée à une atteinte tissulaire locale, mécanique et/ou inflammatoire ;
- neuropathique correspondant à une lésion du système nerveux central ou périphérique ;
- mixte pour des pathologies associant une composante nociceptive et neuropathique ;
- dysfonctionnelle due à un dérèglement de la modulation de la douleur, au niveau cérébral et/ou périphérique, sans qu’il n’existe de lésion objectivable (fibromyalgie, colopathie…).
Ces distinctions orientent la prise en charge thérapeutique puisque les douleurs nociceptives répondront aux 3 niveaux antalgiques reconnus par l’Organisation Mondial de la Santé (OMS). Les douleurs neuropathiques quant à elles aux antidépresseurs, antiépileptiques et thérapeutiques non pharmacologiques.
Une douleur peut-être aigue, correspondant ainsi à un signal d’alarme pour l’organisme ou chronique et devenir dans ce cas une « douleur maladie ».
La douleur maladie est un syndrome multidimensionnel exprimé par la personne qui en est atteinte. Elle est en général multifactorielle, avec des facteurs d’entretien psychosociaux et culturels, des conséquences physiques, morales et sociales. Elle est un problème de santé publique d’une ampleur considérable, car elle affecte un plus grand nombre d’usagers que le cancer, les maladies cardiovasculaires, le diabète et la maladie d’alzheimer réunis.
Elle est définie par l’American Medical Association (AMA) selon les critères suivants :
- douleur persistante ou récurrente ;
- durant au-delà de ce qui est habituel pour la cause initiale, ce qui correspond en général à une durée supérieure à 3 mois ;
- répondant mal au traitement médical et/ou invasif approprié ;
- accompagnée d’une altération significative et durable du statut fonctionnel.
La douleur chronique reste sous-estimée et traitée de façon insatisfaisante. Elle touche en moyenne 35,5% de la population. Cependant, ils sont seulement 30% d’entre eux à bénéficier d’un traitement approprié à leur douleur et uniquement 2% seront pris en charge dans un service spécialisé de la douleur.
A côté de ces besoins non couverts, 30% des structures de la douleur sont appelées à disparaitre d’ici 3 ans soit par manque de finances des équipes pluridisciplinaires ou par l’absence des médecins spécialisés en douleur. Ce qui augmenterait les délais d’attente de prise en charge déjà supérieurs à 6 mois pour certaines régions en France. Pourtant c’est la prise en charge précoce de la douleur qui diminue considérablement l’ensemble de ces impacts sociétaux et individuels.
La douleur chronique est un enjeu économique et social car elle induit une forte consommation de soins, en moyenne 10 consultations chez le médecin généraliste par an, soit deux fois plus que les autres malades et 4 consultations chez le spécialiste. Les arrêts de travail sont 5 fois plus fréquents que dans la population générale ; 45 % des patients douloureux ont des arrêts de travail dont la durée moyenne cumulée dépasse 4 mois/an ; 65% d’entre eux ont moins de 60 ans et sont en invalidité de 1ère et 2ème catégorie. (1,2). Le coût financier pour la société est conséquent, plus de 200 milliards d’euros par an en Europe et 635 milliards de dollars par an aux États-Unis en 2008. Des chiffres qui ne cessent d’augmenter.
Outre ce fardeau économique, des études démontrent la dégradation considérable de la santé et de la qualité de vie lorsque la douleur chronique est présente.
Quotidiennement, ce sont plus de 50% des patients sont dans l’incapacité de réaliser leurs activités quotidiennes.
43% des douloureux chroniques ont des difficultés à s’endormir, ce qui favorise une fatigue physique et émotionnelle qui augmente l’intensité de la douleur. La triade douleur, sommeil et dépression est très souvent présente chez ces malades. Cette population a deux fois plus de risque d’être dépressive que la population générale.
Références
- OMS
- International Association for the Study of Pain (IASP)
- HAS
- INSERM
- Serrie A. [Chronic pain management: societal impact]. Bull Acad Natl Med. Mai 2015;199(4‑5):555‑65.
- Livre blanc douleur 2017. SFETD
- Rivard M-J, Gingras D. La douleur: de la souffrance au mieux-être. Paris: Librairie générale française; 2014.
- Van Hecke O, Torrance N, Smith BH. Chronic pain epidemiology – where do lifestyle factors fit in? British Journal of Pain . nov 2013 7(4):209‑17.